Arthur Conan Doyle - Le Crime du Congo belge
Éthologie
En 1887 est créée à l'initiative du roi Léopold II de Belgique, à Bruxelles, l'Association Internationale Africaine (AIA) à la suite d'une conférence qui regroupe des explorateurs et des humanitaires.
En réalité, c'est un instrument de conquête du Congo aux mains exclusives du Roi.
Voici ce qu'en dit M. Bezernaert, le premier ministre belge en 1885:
" L' État dont notre roi sera le souverain, sera une sorte de colonie internationale. Il n'y aura pas de monopole, pas de privilèges (...). Mais tout le contraire: l'absolue liberté du commerce, liberté de la propriété, liberté de la navigation."
Le colonel Parminter résume ainsi la situation en 1902:
" L' État considère comme sa propriété privée tout le bassin du Congo, excepté les villages des indigènes et leurs jardins.... Tous les produits de cette immense région (5 fois aussi grand que la Belgique) sont sa propriété privée et le commerce son monopole exclusif. Les possesseurs primitifs, les tribus indigènes, sont dépouillés par une simple circulaire: permission leur est donné de récolter ces produits, mais à la condition d'être vendus à l' État au prix qu'il jugera bon. Quant aux commerçants étrangers, il leur est interdit sur tout le territoire de commercer avec les indigènes."
Le paiement de la récolte est fondé sur le troc.
Voici ce qu'en dit le consul Thésiger en 1908:
" On distribuait ainsi des babioles, un chapeau à l'un, ou une sarcleuse en fer à un autre, et ainsi de suite. Chaque récipiendaire étant alors redevable à la fin du mois d'un certain nombre de ballots de caoutchouc. On ne pouvait choisir entre ces dons et aucun refus n'était admis. Si un homme faisait une objection, l'objet était jeté devant sa porte, et qu'il le prenne ou qu'il le laisse, il devait fournir les ballots à la fin du mois. Les volumes étaient fixés par les agents au maximum des capacités productives des habitants."
2 000 agents blancs gèrent ce système. Ils gagnent peu, entre 150 et 300 francs par mois Mais ils reçoivent des boni sur la caoutchouc récolté. Chacun à sous ses ordres des équipes de congolais armés de fusil et installées à demeures dans les villages. Ils punissent les habitants rétifs à fournir leurs quotas de caoutchouc. Afin qu'ils ne se servent pas de leur fusil pour leur usage personnel, ils doivent apportés autant de mains coupés qu'ils ont utilisés de balles. Comme ils braconnent malgré tout, aux massacres pour non fournitures du caoutchouc s'ajoutent des massacres pour couvrir l'usage indu qu'ils font de leur fusils.
Le Roi Léopold II se comporte ainsi vis à vis des Congolais parce que le mode de production des ressources de vie en Belgique est le mode de production industriel tandis que celui du Congo en est au début du mode de production domestique. Si le Congo avait connu le mode de production industriel et non la Belgique, ce sont les Congolais qui auraient agi ainsi en Belgique.
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